Première nuit en Espagne, à 50 m de la France cela dit (acclimatation oblige !)

Et première nuit dans un dortoir rempli...

Deux de mes compagnons de chambre (espagnol et allemand) sont restés plutôt discrets. D'ailleurs je n'ai échangé que quelque mots avec eux et un peu avant 6 heures du matin le lendemain, ils étaient déjà repartis. Avec Angelo en revanche, un retraité italien malentendant, nous nous sommes plutôt bien entendus (sans mauvais jeu de mots). Nous avons pris notre repas ensemble ainsi que le petit déjeuner.

Ce matin, il part avant moi, mais je ne tarde pas à le rattraper. Je chemine à ses côtés un instant puis nous nous souhaitons le "buon camino" que je m'efforce de prononcer correctement.

Et c'est reparti ! Il me faut quelques minutes pour repérer le nouveau balisage (flèches jaunes) mais après quelques kilomètres, je constate que les balises rouges et blanches du GR sont aussi présentes. Le sentier ressemble à un sentier de montagne et je suis contraint de porter mon vélo, un peu trop à mon goût, surtout après la journée d'hier.

Après 15 kilomètres, le sentier se transforme en une piste qui longe le plus souvent la route nationale. J'opte donc pour le bitume histoire de me reposer un peu et d'éliminer les toxines accumulées dans mes cuisses la veille.

Cette vallée me fait un peu penser à celle de la Roya, d'autant plus qu'à Canfrans Estacion il y a une gare monumentale de l'époque franquiste, apparemment construite de la sorte pour les mêmes raisons que celle de Saint Dalmas de Tende: affirmer la toute puissance dictatoriale. Une différence de taille cependant: cette gare espagnole est trois fois plus grande, impressionnant !

J'atteins Jaca sans difficulté, C'est déjà une ville importante et j'arrive en pleine fête des saints patrons. Il y a une procession depuis la cathédrale et tant de monde, que je ne peux rien visiter. Hormis les restaurants et les stations services, tout est fermé ! Même l'office du tourisme a tiré ses rideaux. Un agent de police me conseille d'attendre 15h mais il n' est que 11h et les repas ne se prennent pas avant 13h30 !

Je me remets en route un peu déçu mais finalement content d'avoir vu le début de cette procession. Après 20 kilomètres de pistes zigzaguant autour de la nationale, je m'arrête a Puenta la Reina de Jaca.

Je suis un peu perplexe, car Puenta la Reina est à 150 kilomètres du Somport et j'aurais du n'y arriver qu'après demain. Aurais- je emprunté un raccourci à l'insu de mon plein gré ? Ou plus probablement mal interprété mes documents? Non, je découvre en réalité que ce Puenta la Reina n'a rien a voir et ne se trouve qu'à 5 kilomètres d'Arres, mon étape du jour...

Il est midi passé et je choisi un restaurant qui affiche un menu à 12€. Je me laisse tenter en espérant ne pas renouveler l'expérience fâcheuse d'Avignonet... Il y a une bouteille de vin entière par personne comprise dans le prix du menu ! Du coup, je quitte le restaurant avec une légère crainte de m'endormir sur mon vélo au cours des cinq derniers kilomètres qu'il me reste à parcourir.

14h: le soleil est quasiment à son zénith, mon thermomètre affiche 35°. C'est certes moins que les 39° qu'il m'a fallu braver pendant l'ascension du col de Somport, mais je dois me dépêcher de me mettre en route, ou bien je crois que j'aurai plus le courage de repartir.

Ouf, au moins c'est plat...

Aïe, non, j'aurais mieux fait de me taire, le village d'Arres est situé sur un promontoire ! Je termine mon parcours en grimpant une côte à 12% sur le dernier kilomètre.

Arrivé en nage, je suis soulagé de trouver un gîte. On m'y accueille gentiment avec un thé glacé plus que bienvenu.

A 14h30, il ne reste déjà que trois places de libres. Je partage un dortoir pouvant accueillir huit personnes avec une majorité de papys hollandais. Je me mets aussitôt à l'heure espagnole: douche, lessive et sieste.

Le gîte est géré par une association qui n'a d'autre exigence qu'une contribution financière libre et une participation à la préparation du repas du soir. Allez chiche ! Je vais leur faire une pissaladière !