Ce matin le départ se fait à 7h. Je prends congé de mon camarade mexicain qui n' est pas encore prêt. Cela dit nous avons beaucoup de points communs, notamment quant à notre manière de rouler, et j'ai remarqué que nous faisons halte aux mêmes endroits sans concertation, aussi je pense qu'il y a de fortes chances que l'on se retrouve sur le chemin où à la fin de cette étape.Une étape que j'imagine moins éprouvante que les précédentes, à tort...

J'entre dans le vif du sujet aussitôt après avoir quitté Sarria ! Ça monte et puis ça monte, le chemin est encombré de pèlerins. Des groupes toujours plus denses sont difficiles à doubler, d'autant que le chemin se rétrécie au point de devenir un étroit sentier. La tentation est grande d'emprunter la route souvent parallèle mais non ! Vade retro satanas, je reste sur le chemin !

Le temps lui non plus n'est pas pas bien sûr de ce qu'il veut. Tandis que le froid environnant se taille la part du lion, pluie et soleil se disputent chaque petit coin de ciel. Les pentes souvent raides sont parfois recouvertes de pavés, une aubaine pour les randonneurs épargnés par la boue, un calvaire pour les cyclistes ! Dans ces conditions déplorables, j'ai l'impression de demeurer immobile en dépit des efforts que je déploie pour atteindre mon but. Compostelle n'est pourtant plus qu'à quelques encablures...

Belle contrepartie à toutes ces difficultés, les paysages qui s'offrent à moi sont absolument magnifiques. Ayant déjà parcouru 25 kilomètres jusqu'à Portomarin, une petite visite des lieux s'impose. J'y retrouve les trois espagnols du peloton de la veille qui me saluent par un joyeux «hombre !». Après quelques vigoureuses poignées de mains, nous nous remettons en route tous les quatre. Mais le chemin continue à grimper et notre petit groupe se disloque très vite dans la montée, je perds de vue les deux premiers et parviens tout de même à semer le troisième. Toujours est-il que nous ne nous reverrons plus de la journée.

Me voilà donc à nouveau seul, sous la pluie qui s'est remise à tomber. Non content de me préserver des gouttes glaciales qui tentent de s'immiscer partout, mon fidèle poncho est assez ample pour protéger aussi et mon vélo et son chargement.

La configuration du chemin après Portomarin est strictement la même que précédemment. Une montée sur 10 kilomètres, une descente. Je gagne enfin Melide après avoir parcouru 52 kilomètres.

Une étape plus courte que d'habitude mais beaucoup plus épuisante, plus encore que celles au cours desquelles j'ai parcouru plus de 80 kilomètres !

A Melide, j'ai la bonne surprise d'être accueilli dans le refuge municipal. Un établissement entièrement neuf de 160 places. Je prends mes quartiers et fait le tour du propriétaire. La cuisine est ultra moderne mais ne dispose d'aucun ustencile. Je repense à l'explication que m'a donnée mon hôtesse de Salon de Provence: l'Europe accepte de financer ces gîtes à condition qu'ils mettent une cuisine à disposition des pèlerins, mais pour éviter de nuire aux restaurants locaux, on fait en sorte que ces derniers ne puissent pas s'en servir. Je joue le jeu, ce soir, ce sera menu Pelegrino au restaurant du coin. Je suis rejoins entre temps par mon ami mexicain qui a eu la gentillesse de me ramener mes gants, oubliés le matin même au gîte de Sarria.

Nous prenons ensemble le chemin du restaurant aux tarifs alléchants.



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