Finalement ce gîte de Trabadelo est si calme, que ce matin, personne ne se réveille à l'heure prévue, pas même mon téléphone qui étrangement, n'a pas sonné.

C'est un filet de lumière passant au travers des volets qui m'arrache aux bras de Morphée. Je me lève le plus discrètement possible en prenant soin d'alerter mon voisin de chambrée, tout autant surpris d'avoir si bien dormi.

Après cette agréable grasse matinée, le départ se fait à 8 heures passées, en direction des derniers cols menant à Santiago.

Je n'ai pas fait 20 mètres que j'entends derrière moi la voix du cycliste mexicain croisé a plusieurs reprises entre San Domingo et Burgos. Nous sommes sincèrement ravis de nous revoir. Il m' apprend que mon sentiment de la veille était juste: les gîtes de Villafranca 8 kilomètres plus bas étaient bondés de groupes de jeunes rendant le juste repos pèlerin pour le moins difficile.

Nous nous engageons tous deux sur la route du col Do Cebreido, nous apprêtant à affronter un dénivelé ascendant de 700 mètres sur une distance totale de 20 kilomètres. Les huit premiers kilomètres se font sans encombre à pente douce, présageant douze kilomètres nettement plus compliqués...

Si fait ! L'ascension commence réellement et nous la faisons chacun à notre rythme. Mon compère mexicain fait en général la course en tête, mais c'est un fervent adepte de la photographie et chacune de ses haltes me donne de le rattraper.

A mi-chemin, nous rejoignons un groupe d'italiens, pourchassant eux-mêmes un groupe d'espagnols, Une véritable étape de tour de France, dont les rangs abondent de pèlerins déjà rencontrés au cours de mes précédentes étapes.

Après nous être tous chaleureusement salués, nous décidons vaillamment de grimper ensemble en direction du col, quand une demi douzaine de vttistes (moins chargés il est vrai) nous double sur un rythme à faire pâlir Armstrong !

Ces cyclistes émérites font probablement partie d'un club, car ils portent tous le même maillot, floqué: Los Indianos. A percevoir les murmures environnant leur passage, j'en déduis que Los Indianos se voient gratifiés de commentaires admiratifs formulés dans différents dialectes.

Des commentaires d'autant plus élogieux que la montée est de plus en plus rude et que le temps se gâte. D'ailleurs le froid amplifié par le vent n'arrange pas les choses. Chacun s'arrête à tour de rôle pour se couvrir davantage et notre petit peloton de pèlerins atteint enfin le fameux col. Nous arrivons quasiment tous en même temps et cela mérite bien une photo !

Le village Do Cebreido se situe seulement à une centaine de mètres de là et le petit groupe cosmopolite que nous formons décide d'un commun accord d'y faire une pause bien méritée.

Et vient le moment de repartir. Mon camarade mexicain est le seul à s'engager à mes côtés sur le chemin, tandis que tous les autres cyclistes empruntent la route. Il me laisse partir en premier (probablement pour me laisser un peu d'avance) et me voilà sur le point d'affronter un parcours digne des montagnes russes où montées et descentes se succèdent inlassablement. Nous franchissons ainsi trois cols avant de nous engager dans la vallée qui nous réserve encore une belle descente et un bon raidillon dans lequel je capitule un instant, mettant pied à terre et poussant mon vélo.

Un nouvel ennemi déjà croisé par temps de pluie, pointe alors le bout de son nez entre les mailles de mes pignons... La boue ! Elle me contraint à un petit nettoyage et je retrouve mon collègue mexicain dans la descente, appréciée malgré les conditions météo.

Stop !

Mon compagnon est bloqué net par une rupture des attaches de son porte bagages. Nouvelle halte sous la pluie ! Nous sommes quittes pour un démontage et une réparation de fortune sur le chemin, que nous décidons de quitter dès que possible car trop bosselé.

Le retour sur la route se fait d'abord prudemment, mais voyant notre petit bricolage tenir le coup, notre cadence s'accélère. Il nous reste 20 kilomètres à parcourir pour atteindre Sarria, une ville que nous jugeons suffisamment grande pour espérer y trouver un réparateur.

Nous n'y sommes qu'à 16h passées et nous savons qu'il sera difficile de trouver un gîte susceptible de pouvoir nous accueillir. Outre l'heure tardive, nous ne sommes plus qu'à 100 derniers kilomètres de Santiago, un des derniers points de départ pour un pèlerinage à pied.

Je laisse mon compagnon chercher un réparateur et me mets donc en quête d'un gîte sans plus tarder. J'en trouve un après quatre tentatives infructueuses...

Encore une journée rigolote !

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